2019 : L’année du retour de la diaspora
Au cœur d’Accra, la capitale du Ghana, à quelques mètres de l’ambassade des États-Unis, se trouvent les tombes de l’Afro-américain W. E. B. Du Bois, personnalité marquante du mouvement des droits civiques, et de son épouse Shirley. Celui qui fonda, aux États-Unis, l’Association nationale pour la promotion des gens de couleurs, s’installa à Accra en 1961 dans le quartier de Labone, une zone résidentielle tranquille où il habita jusqu’à sa mort en août 1963.
Le retour de M. Du Bois au Ghana était peut-être la manifestation d’un désir profond chez les Africains de la diaspora de retrouver leurs racines et de rentrer sur le continent. Du XVIe au XIXe siècle, le Ghana a été l’une des grandes plaques tournantes du commerce transatlantique des esclaves.
En septembre 2018 à Washington, Nana Akufo-Addo, le président du Ghana, a officiellement lancé « l’Année du retour, Ghana 2019 » à l’intention des Africains de la diaspora, afin de donner un nouvel élan à la quête d’unité des Africains du continent avec leur frères et sœurs de la diaspora.
Lors de cet événement, le président Akufo-Addo a déclaré : « Nous connaissons les réalisations et contributions extraordinaires des [Africains de la diaspora] à la vie des Américains. Il est important, 400 ans plus tard, de commémorer cette année symbolique et de rendre hommage à leur existence et à leurs sacrifices ».
Deux membres du Congrès américain, Gwen Moore du Wisconsin et Sheila Jackson Lee du Texas, des diplomates et des personnalités de la communauté afro-américaine assistaient à l’événement.
Mme Jackson Lee a rappelé que l’initiative du gouvernement ghanéen intervenait en même temps que l’adoption par le Congrès, en 2017, de la Loi portant création d’une Commission sur 400 ans d’histoire afro-américaine (400 Years of African-American History Commission Act). Cette loi prévoit notamment la création d’une commission chargée de mettre en place et de financer les activités qui marqueront le 400ème anniversaire de « l’arrivée des Africains dans les colonies anglaises en 1619 à Point Comfort en Virginie ».
Depuis l’indépendance du pays en 1957, les dirigeants du Ghana ont tous adopté des politiques visant à attirer les Africains de l’étranger au Ghana.
Dans son discours inaugural sur l’indépendance du pays, le Premier ministre de l’époque, Kwame Nkrumah, cherchait déjà à placer le retour des Africains du monde entier vers l’Afrique dans le cadre plus large de la lutte pour la libération du continent.
« Nkrumah considérait les Noirs américains comme l’avant-garde du peuple africain », explique Henry Louis Gates Jr., Directeur du Centre Hutchins pour la recherche africaine et afro-américaine à Harvard, qui s’est rendu pour la première fois au Ghana à 20 ans, tout juste diplômé de Harvard, l’esprit brûlant de sa foi en Nkrumah. « Il voulait faire appel aux services et aux compétences des Afro-américains alors même que le Ghana passait du colonialisme à l’indépendance ».
En 2000, le parlement ghanéen a adopté une Loi sur la citoyenneté rendant possible la double nationalité. Les personnes d’origine ghanéenne qui ont une autre nationalité peuvent désormais acquérir la citoyenneté ghanéenne si elles le souhaitent.
La même année, le pays a adopté une Loi sur l’immigration qui prévoit pour toute « personne de la diaspora qui serait d’ascendance africaine », un « droit de résidence » en vertu duquel l’entrée et la sortie du territoire se font « sans entrave ».
Le Projet Joseph
En 2007, lors du cinquantième anniversaire de son indépendance, le gouvernement a lancé le Projet Joseph pour commémorer les 200 ans de l’abolition de l’esclavage et encourager le retour des Africains de l’étranger.
S’inspirant de la politique d’Israël qui, après l’Holocauste, encourageait les Juifs d’Europe et d’autres pays à venir s’installer en Israël, le Projet Joseph porte le nom du Joseph biblique, vendu comme esclave en Égypte mais qui, des années plus tard, allait retrouver sa famille et diriger le royaume.
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