La ‘Petite Afrique’ perd de son attrait

Dans la chaleur étouffante d’une après-midi tropicale à Guangzhou, une ville au sud-est de la Chine, un groupe d’Africains d’âge-moyen à l’affût de clients potentiels était en vadrouille à l’entrée d’une rue bordée de boutiques tandis qu’un autre groupe de trois femmes et un homme berçant un enfant dans ses bras attendaient auprès de leurs ballots de marchandises dans une rue adjacente.

« Bienvenue au Oversea Trading Mall », indiquait l’enseigne lumineuse du bâtiment de hauteur moyenne, au milieu de nombreuses affiches publicitaires, surplombant les lieux.

Nous sommes à Xiaobei, également surnommée « Petite Afrique », dans le quartier central de Guangzhou, une mégalopole chinoise, où l’Oversea Trading Mall, un centre commercial, a longtemps été la destination préférée de milliers de commerçants d’Afrique subsaharienne en quête de bonnes affaires.

Guangzhou est une mégalopole de 13 millions d’habitants.

Ayant traîné leurs ballots aux bords de la rue, le groupe des quatre tenta en vain, probablement en raison d’une barrière linguistique, de négocier le prix d’une course en taxi. Il eut fallu l’entregent d’un des vadrouilleurs pour trouver un accord.

« C’est à cela que nous occupons notre temps », Magloire, un immigrant de Côte d’Ivoire qui hésita à s’identifier davantage expliqua à Afrique Renouveau. « Nous aidons nos frères et sœurs pour leurs besoins professionnels ».

A l’instar de Magloire, des centaines d’Africains vivant à Xiaobei à Guangzhou se considèrent « courtiers ».

Capitale du Guangdong, la province la plus riche de Chine et moteur économique du pays, Guangzhou est réputé pour ses nombreux marchés de gros et sa foire commerciale internationale annuelle.

Dans les stations de métro de Xiaobei, dans ses rues et passerelles piétonnes ornées de bougainvilliers le long de la route principale, on entend parler arabe, bambara, français, portugais, lingala, malgache, yoruba ou igbo —  preuves de la diversité culturelle de la communauté de migrants.

Il y a trois ans environ, les affaires battaient encore leur plein à Xiaobei, en raison de l’afflux réguliers de grossistes africains. Selon les données officielles chinoises, 430 000 personnes originaires d’Afrique subsaharienne ont, par exemple, franchi, par les postes de contrôles de la ville au cours des neuf premiers mois de 2014.

« L’essor des liens sino-africains incite les Africains à poursuivre leurs rêves à Guangzhou », titrait Radio chine internationale en 2015, résumant ainsi les mouvements croissants de population et de marchandises entre la métropole méridionale et plusieurs pays d’Afrique.

En ces temps, les médias locaux soulignaient encore le succès économique de certains des migrants. Une enquête rapide auprès des habitants de la Petite Afrique a révélé que 2 migrants sur 10 gagnaient plus de 30 000 yuans (4 800 dollars à l’époque) par mois, soit plus que le revenu mensuel moyen des travailleurs chinois locaux. Les autres gagnent moins, environ le salaire moyen d’un travailleur chinois local.

En 2016, la « Petite Afrique » perd son lustre : la « baisse des prix des matières premières touche la Petite Afrique de Chine », déclarait le Financial Times en juillet de cette année.

This post is also available in: Anglais